Le Théâtre du de Saint-Pierre-du-Perray présente
:
Lettre à Théo

Avec :
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Hélène : Karine Georgeamet
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La Voix : Isabelle Fontaine
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Lucas : Christophe Couturier
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Emmanuelle : Jade Collinet
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Le Collègue Sympa : Michel Vertallier
Mise en Scène:
Assisté de :
Création lumières :
Régie:
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Son : Caroline Maydat
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Plateau : Matthieu Miens
Choix musical :
Photo affiche:
Charte graphique de l'affiche:
La scène se passe à Paris, de nos jours… Lettre
au Public
Chaque chose a son histoire, sa naissance, sa
maturité et son sacrement. Il en est ainsi pour les hommes comme pour
les œuvres… Lettre à Théo ne déroge pas à cette règle et ma
rencontre avec son " auteure ", non plus. Nous nous
connaissions sans nous connaître, le lycée de Corbeil est un
microcosme riche en personne que l'on connaît de vue. Ces visages
familiers sur lesquels nous avons tant de difficulté à mettre un lieu
viennent souvent des couloirs de nos lointaines écoles… Il a fallu
des années pour que nous nous présentions l'un à l'autre. Le
Théâtre du Pax venait de tomber le rideau sur son Savez-vous ce qu'est
l'amour ? lorsque Christel me parla, pour la première fois de cette
pièce. Je la lisais d'une traite et l'appelai pour lui dire que nous la
jouerions. Le projet naquit définitivement lorsque je rencontrai les
comédiens qu'elle avait pressenti pour incarner ses personnages. Ils
portaient la pièce en eux, et entre eux, tous conscients du challenge
que représente une création dans l'univers du théâtre amateur.
C'était incontestablement une belle ouvrage, riche,
forte, sombre et claire, énigmatique, insaisissable, parfois même
opaque, cette pièce était une femme. L'œuvre d'une femme parlant de
la vie, des pensées, des sentiments et des raisons d'une autre femme.
Mais je suis un homme. Comment pourrais-je aborder tout cela avec le
souci d'exactitude naturaliste, avec cette volonté de vrai, de réel,
de non joué que toute la pièce, dans son écriture, m'imposait… Ici,
plus que jamais, Caroline Maydat, en m'assistant à la mise en scène,
démontra son talent et parvint à conjuguer les sentiments que
j'exigeai des comédiens au féminin, en m'apprenant, tout simplement,
comment ressentent les femmes. Tout est de l'ordre du sentir dans cette
pièce et rien est de l'ordre du jeu. Ici, sur le plateau, vous êtes en
face d'un trou de serrure au travers duquel vous volez les images d'une
vie quotidienne. Les comédiens, tout comme le metteur en scène et
l'auteur sont prisonniers d'un dévoilement impudique… Un appartement,
un studio, en pagaille, fouillis, les choses que l'on jette et celles
qu'on emmène dans un déménagement, un déménagement palliatif,
Hélène, range ses affaires, sa vie privée, son cœur, son âme et ses
tripes, passe le tamis et entreprend la rédaction mentale d'une lettre.
Elle fuit quelque chose mais ignore ce qu'elle recherche pour
paraphraser Montaigne. Perdue entre un homme qu'elle fantasme, un homme
qu'elle doit sortir de sa vie et une amie trop absorbée par elle-même
pour se rendre compte d'autrui, Hélène recherche dans les fossiles et
les grains de sable de son passé la pépite qui lui assurera le
lendemain. Lettre à Théo est un bout de vie, un morceau choisi, une
illustration, un raisonnement. Un changement de cap, une résolution de
celle que l'on prend à 30 ans lorsqu'avec effroi on s'aperçoit un
matin que le costume de Peter Pan que l'on tenait tant à conserver est
mité sur toute sa surface malgré la naphtaline. Mais Lettre à Théo
est également un espoir, celui de l'enfant qui ne veut pas mourir,
celui du lendemain qu'on rêve et pour lequel on lutte, c'est un merci,
une trêve, une bouffée, un seuil…
C'est ce que nous nous sommes efforcés de vous
transmettre par la voix, la musique, les images, les lumières et les
corps. C'est l'œuvre de quelqu'un qui sait écrire ce qu'est la vie, et
c'est l'investissement de toute une troupe qui non seulement porte la
pièce mais qui, surtout, vous l'apporte ce soir…
Fiacre
Hélène
Je suis enseignante, prof de français. Je vais
déménager, dans un appartement plus grand… et j 'ai même un petit
ami. J'ai ce que la majorité appelle une vie idéale. Confort et
sécurité. Routine et ennui.
Mais voilà… Je l'ai croisé hier, au détour d'un
rayon… C'était il y a si longtemps et pourtant… Moi qui croyais
avoir grandi ! Cette vie me ressemble-t-elle ? Je l'ai revu, par hasard,
et de nouveau j'ai existé…
Comment ai-je pu m'oublier à ce point ! Il faut que
je le revois ! Je n'ai pas su quoi lui dire… Je n'ai pas pu… Je n'ai
pas voulu que ça se passe comme ça, il faut que je lui dise…
Comment ?
Karine Georgeamet
La Voix
" N'être que la voix ", c'est parfois
frustrant. Difficile de rester dans l'ombre, ne pas être dans la
lumière ! . Cependant, cette difficulté je l'ai devinée depuis le
début de cette aventure, car il s'agit bien plus d'une aventure que
d'une simple pièce de théâtre.
Aventure qui a commencé, pour moi par cet appel de
Christel :
-" Isabelle, j'ai pensé à toi pour le rôle de
la voix ".
Je ne savais rien de la pièce, lorsque je l'ai lu,
je n'ai pas eu à me poser la question de savoir quel rôle je
choisirais, j'étais la voix .
" Naître que la voix, " j'ai participé à
la mise au monde de cette voix, quel honneur ! et en même temps quel
challenge exister autrement sur scène, être dans l'intimité de
chacun, dans son imaginaire, chacun peut donner sens à cette voix, se
l'approprier en faire sienne.
" N'être que la voix ", non pas dans le
" Faire " mais dans " l' Etre ".
Quel cadeau, merci !
Isabelle Fontaine
Emmanuelle
J'en ai marre de l'amour, des mecs qui me brisent le
cœur. Ça y est c'est décidé je mets un embargo sur les
représentants du sexe fort. Sexe fort, tu parles ! Avec tout ce qu'il
nous font subir et qu'on encaisse sans broncher, c'est plutôt nous
autres femmes, qui mériterions cette appellation.
Les hommes, tous des minables… en particulier le
salaud qui m'a laissée tomber. Tiens, je veux même plus prononcer son
nom à ce minable ! Non mais pour qui il s'est pris me larguer, moi
Emmanuelle, ex 1ère G, et juste au moment où j'allais le faire en
plus. Quel pauvre type ! Et puis de toutes façons, il n'était même
pas si beau que ça finalement !
Et lui, là, accoudé au bar, il veut ma photo
peut-être ? C'est ça, vas-y, jouis bien de mon malheur, pauvre
frustré, ça durera pas longtemps. Quel malheur d'abord ? Être
libérée de mon boulet c'est ce qui pouvait m'arriver de mieux, non ?
Je dois avoir une tête affreuse. Il ne les méritait
même pas mes larmes ce c… Mais pourquoi il me regarde ce type ?
Sûrement un briseur de cœurs. Un homme, quoi ! Qui se réjouit de voir
une femme qui souffre. Je dois vraiment pas être belle pour qu'il
insiste tant. Quoique, finalement, je suis pas mal.
C'est fou ce que ça m'a réussit d'avoir largué
l'autre. Je suis carrément craquante en femme éplorée.
Et ce type au bar n'est pas mal non plus, à tout
prendre.
Je suis sûre qu'il doit être porté sur la chose…
et que son costume rend pleinement justice à ce qu'il y a en-dessous.
Il doit être sensible lui au moins, pas comme ses congénères. Enfin,
quand je dis ses congénères… Mister Craquant se situe bien au-dessus
du lot, c'est criant de vérité, quand on a sa classe et son allure…
Est-ce que je vais engager la conversation ou est-ce que je le laisse
m'aborder ?
Ça y est, il s'approche…
Il s'appelle François ! Ça au moins c'est un
prénom !
Jade Collinet
Lucas
Lettre à Théo est une pièce intimiste qui offre
l'opportunité au Théâtre du Pax de Saint-Pierre-du-Perray de vous
présenter un spectacle différent de tout ce qu'il a fait auparavant.
C'est aussi, et surtout, la possibilité de donner vie, pour la
première fois, au texte de Christel Vertallier.
C'est une grande chance que de pouvoir contribuer à
cette aventure mais aussi un défi extrêmement motivant.
Maintenant c'est à vous de juger, de nous livrer vos
émotions bonnes comme mauvaises, oui c'est à vous qui lisez ce texte
qu'il appartient de dire ce que vous penserez de la Lettre à Théo.
Christophe Couturier
Le Collègue Sympa
" Lettre à Théo " a commencé comme une
affaire de famille, comme une famille à faire, et Théo, sans être
facteur, est déjà un homme de lettre !
Un jour, ma nièce m'a dit :
" J'ai écrit une pièce... -Ah ? -Je voudrais
la mettre en scène… -Ah ! -Je voudrais que tu y joues… -Oh ! -On
répétera chez moi, dans le salon, on jouera dans le garage, devant la
famille et les copains… "
Tout en moi se trouvait déjà porté par une
nouvelle aventure théâtrale, et ce fut alors une subtile alchimie de
" vivance ", d'enthousiasme, de hasards, d'amitiés, de
rencontres. Rencontre avec un metteur en scène, et déjà un esprit de
famille. Histoire de lettre, histoire de l'être, d'un être intérieur,
d'une âme intériorisée, comme un fado esquissé, Théo est comme un
dieu…
Michel Vertallier
Avant le spectacle…
À Caroline autant qu'à l'auteur puisque vous m'avez
fait confiance dans ce défi qui consiste à vous traduire…
Un appartement, des cartons, une armoire aux portes
ouvertes… blottie dans un recoin, Hélène chauffe ses mains autant
qu'elle même avec une tasse de café. La musique pose l'état des lieux
et la lumière peint par touches successives les différents éléments
essentiels de ce tableau.
Toute représentation théâtrale pose le problème
de ce que nous avons coutume d'appeler le quatrième mur. Ici, vous
serez, en tant que public, derrière un miroir sans tain, spectateurs
d'une tranche de vie, spectateurs privilégiés puisque vous entendrez
même la pensée du personnage principal.
Comment ne pas faire le bilan de sa vie lorsqu'on
déménage et que l'on se livre à la redécouverte de ses propres
fouilles archéologiques. " Le passé n'est qu'un prologue "
nous livrait Oliver Stone à la fin de son JFK, comment supporter alors
la présence veule de ses restes persistants de ce que l'on veut
quitter, transformer, oublier…
Dans Lettre à Théo, les hommes et les femmes se
quittent, s'affrontent, commencent et défont tout ce qui compose leur
quotidien, les personnages autant que les comédiens ressentent et
traduisent tout ce que comporte le texte par rapport à eux-mêmes, leur
propre expérience, leurs peurs autant que leurs plaisirs. Tout ceci
dans la plus extrême des impudeurs que nécessite la pratique de l'art
théâtral..
Hélène sur le départ d'une vie qu'elle n'ose
espérer ni meilleure ni pire mais qu'elle ne peut s'empêcher de
souhaiter nouvelle. Entourée par les cartons de ce qu'elle tient à
garder, de ce qui fera moins de mal lors de l'emménagement, ces cartons
qui symbolisent l'oubli, la fin, le transit, et qui sont souvent le
siège des gens qui ne survivront pas au passage à la nouvelle adresse,
lorsque l'on refait son répertoire.
Nous jouons cette pièce pour la première fois de
son histoire, elle marque une étape dans celle du Théâtre du Pax de
Saint-Pierre-du-Perray, alors que notre devise a été de monter des
spectacles sans cesse différents de la tragédie à la farce en passant
par la pièce policière, nous réalisons, avec Lettre à Théo, un
drame intimiste, genre magnifié par le septième art mais dont la
source même vient des planches, ce lieu magique où l'émotion de la
douleur des comédiens passe souvent par leur propre souffle.
Fiacre
L'Auteur
" Vous parler de ce travail, de sa part
d'invention, de ce que j'ai pris aux autres, de ce que j'ai bien pu
éprouver par moi-même, ne présente aucun intérêt. Vous raconter les
mille anecdotes, le temps qu'il a fallu pour écrire cela n'a pas la
moindre importance.
Mais vous dire que l'on grandit toute sa vie, qu'il
ne faut pas perdre de vue ce que l'on est, les désirs que l'on a pour
soi; vous dire que l'on est de toutes façons seul avec sa conscience
et, que ne pas " baisser le volume" demande parfois un peu de
courage, c'est là tout le sens de cette pièce.
Je ne sais pas si Hélène aimera le collègue
sympa... c'est leur histoire, ça ne me regarde pas.
Je sais juste que le souvenir de Théo l'a fait
suffisamment descendre en elle pour lui rappeler ce qu'elle savait
déjà :
La vie n'a pas de sens sans amour..."
Fiacre, merci pour ton travail, pour ta sensibilité,
ton énergie ; pour tout ce que tu as donné de toi même, avec le
soutien de Caroline, Michel, Karine, Isabelle, Jade et Christophe. C'est
un magnifique cadeau de pouvoir regarder vivre ces personnages en dehors
de ma tête. Ils ne m'appartiennent plus vraiment. Je me sens à la fois
frustrée de sentir qu'ils m'échappent et heureuse de cette autonomie…
est-ce que je t'ai déjà dit merci ?
Christel Vertallier
Mise en ligne : Olivier (association promoconcept) |